• Qu'est ce au juste que l'écologie ? Si le mot est devenu courant ces dernières années, son sens véritable est en définitive souvent méconnu ou déformé. Il faut réexpliquer le mot, et il faut aussi réhabiliter l'idée : l'écologie est un concept fondamental, aussi puissant et essentiel que celui d'économie, avec qui il partage la même racine1.

    Au sens initial du terme, l'écologie est l'étude des milieux, et des rapports entretenus entre les espèces vivantes et leurs milieux. Comme l'indique le suffixe "-logie"2, l'écologie est au départ une approche relevant d'une méthodologie scientifique, basée donc sur des observations, des mesures, des interprétations, etc. L'écologiste était donc à l'origine un scientifique se livrant à l'étude de l'écologie3.

    L'écologie désigne finalement plus particulièrement ce que l'on devrait appeler l' "écologie humaine", c'est à dire l'étude des rapports entre cette espèce vivante particulière qu'est l'homme et le milieu naturel ; c'est à dire l'étude des rapports entre l'homme et "l'environnement", entre l'homme et la nature4. L'étude du milieu naturel et des autres espèces vivantes est plutôt qualifiée aujourd'hui de naturalisme ou d'environnementalisme.

    Cette étude scientifique a aboutit très rapidement à un constat : les rapports entre l'homme et la nature sont profondément déséquilibrés ; l'homme dégrade fortement l'environnement, parfois de manière irréversible, au point qu'il constitue une menace pour lui-même.

    Ces observations scientifiques ont abouti à un ensemble d'idées et de propositions politiques qui s'appelle également "l'écologie". L'objectif ultime de l'écologie c'est d'arriver une relation équilibrée et "soutenable" avec la nature. C'est à dire une relation qui dure dans le temps. En alternative à une relation qui ne dure pas, à une cohabitation impossible.

    Il faut dès lors bien comprendre que l'objectif de l'écologie n'est pas tant de "sauver la planète", que  de sauver l'homme ! En préservant la planète, on préserve les chances de l'espèce humaine, des générations futures, de survivre sur cette planète (je rappelle que nous n'en avons qu'une...!!). Et même plus que survivre : vivre bien. Aujourd'hui et demain. 

    L'homme ne fera pas disparaître la nature ; elle existera toujours sous une forme ou une autre, ne serait-ce qu'un immense désert avec 4 scorpions qui courent dessus ! En revanche, nous nous avons besoin de la planète ! L'objectif de l'écologie c'est de prendre soin de la nature qui nous supporte, nous nourrit, nous émerveille aussi ; et d'éviter de couper la branche sur laquelle nous sommes assis. La nature, l'environnement, n'est pas quelque chose qui nous est extérieur ! Dont nous serions indépendants. C'est tout le contraire !

    Il y a aussi derrière l'écologie un postulat éthique : la nature existe et a une valeur intrinsèque, en dehors de l''homme ; l'homme n'est ainsi pas légitime à détruire la nature ; sa conduite et son mode de vie doivent donc respecter la nature.

     

    Dans la recherche des moyens nécessaires pour parvenir à rétablir l'équilibre, l'écologie a largement dépassé sa dimension scientifique initiale. L'analyse s'est portée sur l'organisation et le mode de fonctionnement de nos sociétés. Logiquement, l'écologie est rentrée de plein-pied dans le domaine du politique : celui de l'organisation de la "cité".

    L'écologie politique analyse, et questionne, tous les aspects et toutes les dimensions de la vie humaine individuelle et collective : les dimensions économique5, sociale, technologique, sociologique, culturelle, voire même spirituelle. Elle est une vision globale de la société dans laquelle nous vivons ; et les écologistes formulent aussi une réponse à la question "quelle société voulons-nous ?" A ce titre, l'écologie constitue un véritable projet politique6. Et "la métamorphose" est ma vision personnelle de ce projet.

     

    Pour finir, quelques mots sur l'adjectif "écologique" : il désigne en toute rigueur tout ce qui est relatif à l'écologie ;: problèmes écologiques, crise écologique, écologique, dimension écologique, préoccupation écologique, etc. Un usage tend cependant à s'imposer : dire d'un produit qu'il est "écologique" pour "respectueux de l'environnement" ; c'est une extension, souvent utilisée abusivement (une voiture écologique par exemple serait presque un oxymore. En tout état de cause, il convient de remplacer une vision absolue et manichéenne (entre ce qui serait écologique et ce qui ne le serait pas) par une vision relative (certaines choses ou actions respectent plus ou moins "l'environnement").

     

     

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    1 "éco", provenant du grec "oikos" "la maison".

    2 Du grec logia "théorie", de logos "discours, parole".

    3 L'écologiste était donc quelqu'un de respectable… plus que l' "écolo" actuel souvent raillé ou dénigré, avec une petite pointe d'ironie. Celui qui milite dans une association ou dans un parti écologiste, le défenseur de la nature infatigable (ou enragé…), le dénonciateur du nucléaire et des pesticides, celui-là a trop de défauts pour être vraiment respectable : parfois sympathique, mais limite gentillet, utile pour la société peut être, il est bien trop souvent énervant, casse-pieds, moralisant, culpabilisant, et surtout empêcheur de développer, de bétonner, et de polluer en rond ! Et puis aussi, l'écolo est toujours un indécrottable utopiste, et ne peut à cet égard être regardé sérieusement… Mais il y a pire : l' "écolo" est parfois suspecté de préférer "les petites fleurs" et "les petits oiseaux" à son frère humain…

    4 Pour penser l'écologie de manière schématique ou conceptuelle, on peut considérer un cercle qui délimite un premier espace : la Terre et l'ensemble des milieux naturels (faune et flore compris). On peut ensuite considérer un deuxième cercle à l'intérieur du premier, délimitant l'espace des sociétés humaines. L'écologie est l'étude des interactions complexes entre les 2 milieux. L'espace des hommes n'est pas autonome : son fonctionnement dépend entièrement de ce qui rentre depuis le premier espace (la nature). A l'inverse, la nature est fortement influencée par ce qui provient de l'espace des hommes.

    5 Je considère même que l'écologie englobe l'économie . La recherche, dans la nature, des moyens de satisfaire nos différents besoins, n'est qu'un des rapports que nous entretenons avec elle. De l'autre côté la question de la distribution des biens et services produits au sein des populations humaines relève bien aussi de l'écologie politique, puisqu'elle dépend des rapports que les êtres humains entretiennent entre eux au sein des sociétés.

    6 Les hommes politiques et les médias ont souvent réduit l'écologie à la seule protection de l'environnement. Cette vision parcellaire a souvent fait considérer que les "écolos" étaient incapables de pouvoir sérieusement exercer des responsabilités politiques. Si l'on a pu tolérer quelques écologistes au sein des partis traditionnels et des édiles, et envisager qu'ils puisse faire partie d'un gouvernement c'est certainement plus par ambition électorale que par conviction. L'affirmation du projet de société écologique convaincra je l'espère que l'écologie a toute sa place sur la scène politique.

     

     


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    L'économie c'est, d'un point de vue macroscopique, l'ensemble des moyens par lesquels les sociétés humaines assurent leurs besoins. Elle comporte deux dimensions :

    ° d'une part la production : produire ce qu'il nous faut, biens et services

    ° d'autre part la distribution : comment ce qui est produit arrive jusqu'aux différentes personnes, quelles sont les conditions d'accès aux différents biens et services.

     

    L'économie ne devrait être que cela : la façon dont la société assure ses besoins. Seulement, la réalité est un peu différente. Dans une économie capitaliste, les moyens de production (et de distribution : usines, machines, terres agricoles, camions, magasins...) appartiennent à des personnes – les capitalistes – qui y ont investi leur capitaux. Et, à de rares exceptions près, cet investissement n'a qu'un seul but : faire grossir le capital misé au départ. L'économie, l'activité économique (production et distribution), est totalement subordonnée à cet objectif, et ainsi totalement dévoyée. L'économie n'a pas tant pour but de produire les biens et les services demandés par la population1 que d'enrichir ceux et celles qui avaient déjà la chance au départ de posséder un capital2. L'économie est le moyen d'enrichissement d'une classe de possédants ; et la production de biens et de services n'est qu'un alibi pour leur faire gagner de l'argent.

     

    Avec le capitalisme, nous sommes dans une "économie de l'offre", et non dans une "économie de la demande". Il faut produire beaucoup, parce que plus on produit, plus on vend et plus ça rapporte ! Il faut produire un maximum, parce que l'appétit des investisseurs est insatiable, et non parce que "la demande" de la population est infinie... La finitude des besoins humains est d'ailleurs un problème pour les capitalistes puisqu'elle tend à diminuer leur enrichissement...

     

    Première solution pour eux : produire pour un maximum de gens, et donc produire pour l'humanité tout entière, et pas seulement pour la population du pays où l'on est implanté. C'est l'impératif de l'exportation3, exacerbé par l'arrivée de la mondialisation à la fin du XXème siècle.

     

    Deuxième solution : doper la demande. Pour cela, il y a 3 grands moyens :

    1) la publicité et le marketing : on stimule l'appétit du consommateur pour acheter tel bien ou tel service, dont il se serait passé sinon... On créé un besoin, ou une envie. Y compris le "besoin" de changer la montre ou le téléphone que l'on possède et qui fonctionnent très bien mais que "la mode" véhiculée par la publicité rendent désuets. On s'efforce de créer de nouveaux besoins, donc de nouveaux marchés.

    2) L'obsolescence programmée : au cas où l'effet de mode ne serait pas assez fort pour vous pousser à consommer, on fabrique des produits de mauvaise qualité qui vont devoir être remplacés par un produit neuf assez rapidement (par exemple avec des composants qui vont "lâcher" après un court délai d'utilisation). La réparation (des chaussures, des imprimantes, des machines à laver, des meubles...) est rendue techniquement et financièrement rédhibitoire, et – bing ! – le consommateur repasse à la caisse pour "faire tourner l'économie"...

    3) Le crédit : le consommateur a un autre gros défaut : il n'a pas assez d'argent à donner aux capitalistes !4 Avec le crédit on lui permet d'acheter plus de choses qu'il ne pourrait s'offrir à un instant t. On dope ainsi artificiellement, et sans vergogne, le volume des achats5. Et en plus, les banques en profitent elles aussi pour s'enrichir, en faisant payer chèrement le fait de lui prêter de l'argent qu'elles n'ont pas...6 Empruntez, braves gens, soyez patriotes, soutenez "votre" économie !

     

    Bref, dans une économie capitaliste, une "économie de l'offre", il est impossible d'une part d'assurer les besoins de tout le monde et d'autre part de limiter le niveau de consommation aux besoins réels et à ce que la Terre est capable de supporter. Pour celles et ceux qui en doutent encore, j'affirme que l'économie capitaliste, mue uniquement par le désir d'enrichissement de quelques uns, ne peut en aucun cas être écologique, malgré toutes les tentatives de "verdissement" possibles.

    Une autre économie, d'autres économies sont possibles !

     

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    Notes :

    1  Au contraire, certains biens et services qui seraient pourtant utiles à la population ne sont pas produits par "l'économie", parce qu'ils sont sans intérêt pour les investisseurs, parce qu''ils ne rapporteraient pas d'argent, ou pas assez... C'est fou ! Exemples : la distribution du courrier ou les soins hospitaliers en rase campagne, ou l'accès à l'eau potable et à d'autres choses vitales en Afrique...

    2  Un capital dont ils n'avaient pas spécialement l'utilité, puisqu'ils ont pu l'immobiliser dans une entreprise...

    3  Il nous paraît totalement naturel que les entreprises que nous avons autour de nous ou dans notre pays aillent "conquérir des marchés à l'étranger". Pourtant, l'exportation ne me paraît impérative que pour compenser les importations de biens qui ne peuvent être produits sur place ; elle devrait donc être assez limitée. L'idée selon laquelle un pays ou une entreprise doivent chercher à produire beaucoup plus que les besoins de la population et à "fournir le monde entier" (comme la Chine actuellement, qui veut être "l'usine du monde") me paraît tout sauf naturelle. Et tout sauf écologique ! Augmentons l'autonomie des territoires et relocalisons les activités !

    4  Mon petit doigt me souffle que peut être on ne lui en donne pas assez... Et que la répartition des "richesses" produites n'est pas équitable...

    5  Y compris le volume des achats immobiliers. Voir le point de départ de la fameuses "crise des subprimes" aux Etats-Unis.

    6  Voir le petit film fort intéressant "L'argent dette" de Paul Grignon, disponible – gratuitement ! - sur Internet.

     

     

     


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  • La signification de ce mot est désormais évidente pour tout le monde : l'environnement c'est ce qui nous environne ; c'est ce qui environne l'homme.

    Mais il faut dire quand même que c'est une vision réductrice de la nature dans laquelle nous vivons. Et aussi, indubitablement, une vision anthropocentrique, qui définit la nature par rapport à l'homme ; qui pose que l'homme est au centre, et que la nature est autour ; qu'elle est ce qui est autour, et seulement cela.... Pour autant il est clair que la nature préexistait avant l'homme, et qu'elle continuera d'exister une fois que nous aurons disparu... Elle n'a même pas besoin de nous pour exister !

    Je considère pour ma part que l'environnement fait plus que nous "environner", et que c'est plus l'homme qui est "à l'intérieur" de l'environnement que l'environnement qui est "autour" de l'homme ! Je préfère parler de "la nature" ou du ou des milieux naturels.

     

     

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  •  La période que nous vivons actuellement relativement à la dégradation de l'environnement constitue bel et bien une crise1 : ce passage est décisif pour l'avenir. Si la tendance actuelle n'est pas inversée, l'avenir de nos enfants et petits enfants sera particulièrement sombre.

    Certains m'accuseront de catastrophisme. Je ne les contredirai pas ! Ce qui approche a tous les visages d'une catastrophe. Comme le dit Jean-Paul BESSET, "la catastrophe acquiert aujourd'hui le statut de perspective rationnelle"2. La catastrophe est même en partie déjà là !

    Nul ne peut prédire l'avenir et chacun aura sa propre vision de la vie des hommes dans les prochaines années, les prochaines décennies, les prochains siècles. Toutefois l'heure n'est plus au scepticisme : le catastrophisme des écologistes n'est plus le fait d'un individu isolé terrorisant les foules, mais bien de la communauté scientifique mondiale qui peut chaque jour constater, observer et mesurer la dégradation de l'environnement, dans ses différentes dimensions. Et l'heure n'est pas non plus au négationnisme : les phénomènes observés sont bel et bien le fait des activités humaines3. En tout état de cause, je ne crois pas que le catastrophisme, quand il est basé sur des données factuelles, ait moins sa place dans le débat public qu'une certaine forme d'optimisme aveugle et naïf basé par exemple sur les miracles attendus de la technologie.

    Mais que l'on ne se méprenne pas : il ne s'agit pas d'être catastrophiste pour être catastrophiste, de tirer la sonnette d'alarme pour le plaisir, et encore moins de faire peur pour faire peur. Le catastrophisme écologiste diffère largement du catastrophisme du passé ; par sa finalité : il n'a d'autre objectif que de faire prendre conscience au plus grand nombre de personnes de l'approche de la catastrophe. Et cette prise de conscience n'a qu'un seul objectif : éviter la catastrophe4. La perspective employée se situe dans le volontarisme, et non dans un pessimisme stérile, qui se complait dans l'inaction. Car le but de ce catastrophisme est bien l'action. Il s'agit de trouver des solutions pour avancer.

    Pour cela il faut savoir vers quoi l'on se dirige. Il faut regarder la réalité en face, ne pas se voiler la face, et se méfier des mirages... La première étape consiste à bien analyser et comprendre le problème. Dans le fond et pas en surface. Il serait impossible de le résoudre autrement... Et il faut au final prendre les décisions qui s'imposent, à tous les niveaux, et trouver les solutions véritablement adaptées à la situation.

    Les catastrophistes revendiqués dont je fais partie incluent dans leur prédictions les "sursauts" dont l'humanité est capable et qui sont susceptibles d'infléchir significativement les tendances. L'incertitude, l'imprévisible, c'est là que réside, derrière la noirceur du discours écologiste, un éléments essentiel : l'espérance…



    Voir aussi :

     

    Retrouver-l'espérance

     

     

    Catastrophisme - 2, le retour !

     

     

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    1 Crise : "Nom féminin ; Sens 1 : moment d'une maladie, caractérisé par un changement subit et généralement décisif, en bien ou en mal ; Sens 3 (par analogie) : phase grave dans l'évolution des choses, des évènements, des idées". Petit Robert, édition 2004.

    2 Jean-Paul Besset, "Comment ne plus être progressiste… sans devenir réactionnaire", Fayard, 2005. Ancien journaliste (Le Monde), ancien dirigeant de la fondation Nicolas Hulot, Jean-Paul Besset est actuellement euro-député (Europe Ecologie- Les Verts ; il a toutefois renoncé en décembre 2010 à toute responsabilité au sein de ce mouvement).

    3 En matière de changement climatique, quelques intellectuels ont soutenu jusqu'à ces dernières années que l'homme n'y était absolument pour rien. S'il est vrai qu'une grande partie des émissions de gaz à effet de serre (GES) est naturelle (éruptions volcaniques par exemple), la communauté scientifique réunie au sein du GIEC (Groupement Intergouvernemental d'Expert sur l'évolution du Climat) a démontré dans un rapport publié en 2006 que le changement climatique est bien dû aux émissions anthropiques. La part des émissions humaines dans les émissions totales de GES, faible en relatif, a réussi à rompre les équilibres climatiques.

    4 Ibid.. L'auteur note également qu'alors que la catastrophe était autrefois produite par des circonstances accidentelles, imprévisibles, et extérieures à l'homme, elle est aujourd'hui un destin annoncé, qui sera produit par des circonstances bien identifiées, et imputables non à l'extérieur mais à l'homme lui-même.

     


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