• Un article que j’avais ébauché en novembre 2019 puis mis de côté, et qui vient de "ressusciter" en cette période. Ce sera aussi mon premier article sur le covid-19 et ses conséquences (comme quoi je suis long à la détente !)

     

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    Une conviction

    Comme je l'ai déjà exprimé (Un moment unique dans l'histoire de l'humanité), je crois que, dans un délai plus ou moins court, peut être 10 ou 20 ans, la "société industrielle" dans laquelle nous vivons va s'effondrer.

     

    J'en ai l'intime conviction depuis plus de 15 ans. C'est ce que, de manière globale et imprécise, je formulai alors et que je formule toujours par les expressions "on va dans le mur" ou "nous coupons la branche sur laquelle nous sommes assis". J'ai toujours eu en tête la perspective d'un choc violent, d'une chute fatale. La décroissance ou la métamorphose que j'appelais de mes vœux était d'ailleurs, par définition, le moyen d'éviter cette catastrophe1.

     

    Ces dernières années, les collapsologues (tels Pablo Servigne ou Yves Cochet en France), avec une approche systémique et rigoureuse, ont étudié "le système" et ont pu décrire beaucoup plus précisément cet effondrement qui va arriver, et qui est même déjà initié. Pour ma part, j'ai pris conscience que "l'effondrement" est désormais inévitable, inexorable, et qu'il va arriver plus tôt que je ne le pensais initialement.

     

    Je suis malheureusement convaincu que quand ils auront l'âge que nous avons aujourd'hui, nos enfants vivront dans un monde totalement différent du notre. Il m'est difficile de l'écrire mais je crois qu'ils n'auront pas accès au même niveau de confort matériel, de soins, de sécurité, de mobilité, de loisirs... La vie sera beaucoup plus difficile et la nature n'aura pas le même visage que celui que nous lui avons connu et qui a pu nous émerveiller.

     

    Croyance n'est pas sornette !

    Bien évidemment, cette vision extrêmement noire, je ne peux pas la prouver, la démontrer... Même les chercheurs en collapsologie ne peuvent pas être totalement certains de ce qu'ils avancent. Oui, soyons honnêtes, la "théorie" de l'effondrement est une croyance2, selon la définition simple que je donne à ce mot : quelque chose que l'on tient pour vrai mais que l'on ne peut pas démontrer, prouver ; on ne peut pas savoir, pas être sûr, pas être certain3. Parallèlement, les opposants à cette idée ne peuvent pas non plus prouver que l'effondrement n'aura pas lieu4...

     

    Ce qui va se passer dans l'avenir est inconnaissable, donc typiquement du domaine de la croyance5. Par rapport à cette incertitude constitutive, on est contraint de formuler des hypothèses, auxquelles on peut associer un certain degré de probabilité, de certitude (plus difficilement une valeur chiffrée, tel l'indice de confiance des prévisions météo...). L'effondrement de la société industrielle est une de ces hypothèses. Mais elle n'est pas sortie du chapeau du magicien !! Elle est scientifiquement6 fondée.

     

    Je ne suis ni fou, ni illuminé, ni possédé par un délire apocalyptique ! Je ne peux pas vous le prouver, mais je vous demande de me croire !!

    Pour ce qui est de l'effondrement, que chacun se fasse son propre avis... Je n'ai pas étudié profondément toutes ces questions comme l'ont fait les véritables collapsologues. Mais j'ai un esprit profondément scientifique et cartésien, par nature et par formation scolaire. Et le peu que je sais me conduit à adhérer totalement à la théorie d'un effondrement relativement imminent. Il est totalement logique. Prévisible. Fortement probable. 

     

    Une "vérité" qui dérange

    Certes, pas grand monde, moi compris7, n'a envie d'entendre que la société industrielle va s'effondrer bientôt avec fracas... Parce que cette perspective remet énormément de choses en question, des plus petites choses de notre quotidien à notre survie personnelle et collective. Alors qu'il nous est déjà difficile d'accepter l'idée notre propre mort, il faudrait aujourd'hui se faire à l'idée que le monde que nous avons connu va lui aussi mourir...

     

    Cet énoncé est d'autant plus difficile à entendre que notre société se caractérise par son refus des limites, des limitations. Il est donc particulièrement délicat de parler d'effondrement, je l'éprouve tous les jours.

     

    Même si l'on pouvait démontrer par a+b que l'effondrement va effectivement se produire, la remise en question et les conséquences qu'il suppose sont tellement énormes, monstrueuses, uniques dans l'histoire de l'humanité, tellement anxiogènes aussi, que l'idée ne pourra que rencontrer de nombreuses résistances.

     

    Une idée des débats à venir

    La "théorie" de l'effondrement gagne aujourd'hui en visibilité. Une prise de conscience est en train de s'opérer. Selon le mécanisme action / réaction, au fur et à mesure que l'idée va se développer, va se développer l'affirmation contraire, qu'on peut caricaturer en "rassurez-vous, tout ça ne sont que des sornettes. Ne les croyez-pas, ce sont des fous. Tout va bien se passer Mme la marquise, je vous l'assure !"... J'en ai vu un exemple récemment dans la presse (Cliquer ici).

     

    Les idées vont s'affronter – quel est le scénario le plus probable ? Le plus crédible ? Qui a tort ? Qui a raison ? Qui faut-il croire ?...

    Il y aura des batailles de chiffres à n'en plus finir, comme sur chaque sujet politique. On peut difficilement regretter qu'il y ait débat, mais il ne faudrait pas qu'ergoter sur les chiffres serve, comme souvent, à éviter les questions de fond !

    Il y aura aussi des simplifications, des caricatures, de la démagogie, de la désinformation, des mensonges8... et cela, ce sera moins plaisant... Le débat risque même d'être violent...

     

    Mais, en fin de compte, comme il y a toujours eu une distinction entre ce que l'on sait, ce que l'on a vu ou entendu, et ce que l'on pas envie de savoir, d'entendre ou de voir... il est probable que la question "croire ou pas à l'effondrement" sorte rapidement du champ rationnel, pour aller dans celui de l'émotionnel et de l'inconscient.

     

    Les élites croient au père Noël

    Pour les dirigeants et les décideurs, et pour la grande majorité de la population, la société industrielle constitue un horizon indépassable, objet d'un attachement sans faille. Le capitalisme, l'économie de marché, la société de consommation, la production de masse, le développement, la croissance perpétuelle, la mondialisation, la techno-science, tout ce système, c'est presque le paradis, la "fin de l'histoire". "Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possible". Ou presque... Nos dirigeants y croient, dur comme fer. Et ils n'ont pas d'autre envie que le système perdure. La "théorie" de l'effondrement est donc le dernier truc qu'ils ont envie d'entendre !

     

    Mais cela aussi est une croyance. Croyance que je comparerais au fait de croire au Père Noël9... Une illusion sympathique, agréable, réconfortante, mais une illusion...

     

    Perplexité

    Je fais un parallèle : il y a quelques semaines, à l'approche de Noël, je me suis demandé comment mon fils de 6 ans et demi pouvait encore croire au Père Noël. La mystification me paraît en effet grosse comme un camion ; il peut voir beaucoup de signes, d'indices qui, malgré son jeune âge, pourraient / devraient le mettre sur la voie de la vérité : les cadeaux sont apportés par les parents ! C'est logique, et pourtant le mythe aura perduré cette année encore... Il y croit encore, et cela me laisse perplexe10.

     

    Eh bien, je ressens la même perplexité vis-à-vis de l'effondrement... Les signes, les rapports scientifiques, les prévisions et les alertes s'accumulent quant au caractère profondément non viable de notre mode de vie et, simultanément, quant à l'extrême fragilité de notre système économique, des populations et des sociétés. Dès lors, comment est-il possible que nos dirigeants puissent encore croire que le système doit et va continuer "business as usual" ad vitam aeternam ? En ne procédant qu'à quelques ajustements à la marge.

     

    Comment croire qu'il y aura toujours plus de voitures et de camions sur les routes, toujours plus de centres commerciaux hyper-super géniaux, toujours plus de marchandises vendues, toujours plus d'applications, toujours plus de flux d'informations, etc. ? Comment cela est-il possible ?? Comment font-ils pour croire qu'on trouvera des solutions techniques à tous les problèmes structurellement liés au système industriel  ? Que l'on peut réguler un système qui ne conçoit pas de limites ? (qu'elles soient humaines, physiques, éthiques, étatiques...)

     

    Pensée magique ou folie ?

    La seule réponse à toutes ces questions, c'est que nos dirigeants sont dans un forme de "pensée magique", la même qui caractérise les enfants de moins de 7 ans11 ! Le mythe est trop beau dans leur tête pour pouvoir être mis à bas par les faits et la raison.

     

    La croissance, l'économicisme, le fric en somme, tout cela est plus qu'une croyance : c'est une religion, que ses adeptes défendront à tout prix. Ils ont même inventé ce concept fabuleux - le développement durable – qui est d'abord un oxymore "poudre au yeux", digne de la guerre propre : on nous fait croire – promis, juré, craché – qu'on va entrer dans un mode de développement qui sera viable, sans comprendre que, par essence, le développement tel qu'on l'entend ne peut pas être viable et pérenne. Cette expression traduit par ailleurs (en français) le désir d'un développement qui durerait indéfiniment... .

     

    Nicolas Hulot a réalisé il y a 10 ans un film sur les questions écologiques très justement nommé "Le syndrome du Titanic". Il mettait bien en évidence l'aveuglement qui frappe les dirigeants du système, qui croient, à tort, que le navire est insubmersible...

     

    Cet aveuglement, ce déni confinent à la folie12. "Celui qui croit qu'une croissance infinie est possible dans un monde fini est un fou (ou un économiste)".

     

    J'accuse !

    Oui, je reproche aux élites dirigeantes de croire au père Noël. Je leur reproche leur incapacité à penser autrement, à sortir des schémas de pensée toxiques. Je leur reproche leur inconséquence, leur coupable négligence.

     

    Elles sont pourtant censées avoir le plus haut degré d'information13 et d'intelligence et être garantes de l'intérêt général. Elles sont censées prendre les décisions adaptées concernant l'orientation des pays. En matière de changement climatique par exemple, une étude récente a confirmé que l'essentiel de la réduction des émissions de gaz à effet de serre ne peut venir que d'actions structurelles, incombant aux Etats et des entreprises ; les "éco-gestes" des citoyens seuls ne sauveront pas la planète ! (voir l'article ICI).

    La responsabilité de nos dirigeants serait d'entraîner toute la population dans une mobilisation générale comme l'humanité n'en a jamais connue !

     

    Au lieu de cela, comme le dénonce Greta Thumberg, ces pseudo-élites ne semblent toujours pas avoir pris la mesure des menaces extrêmement graves qui planent sur notre tête à tous... Préserver le vivant et l'avenir de l'humanité passe derrière la protection des intérêts financiers de quelques uns !!

     

    Ces menaces clairement établies ne semblent pas suffire pour les faire changer réellement de cap, et s'engager dans la voie des changements radicaux qui apparaissent aujourd'hui incontournables... On continue comme si de rien n'était ! En ne prenant que quelques mesurettes ridicules, comme le projet récent de la ministre Brune Poirson d'interdire les tickets de caisse dans les magasins (mesure pas inutile mais totalement disproportionnée aux enjeux !).

     

    Ce que j'ai le plus de mal à accepter c'est que notre gouvernement, pour parler de lui, s'affiche comme le champion de l'écologie et ose affirmer qu'il a engagé la transition écologique de notre pays. Ou que certaines municipalités près de chez moi aient déclaré cet automne 2019 "l'état d'urgence climatique" uniquement pour l'affichage, sans changer d'un iota leur politique de développement. Faux-semblants ! Fumisteries !! Hypocrisie !! Dans ce domaine là, c'est insupportable !

     

    Dans la réalité, le monde continue "business as usual". Nos dirigeants sont des addicts au tabac qui refusent de se sevrer ! Leur père Noël, c'est le "développement durable", autrement dit : ils croient avoir trouvé la cigarette qui ne rend pas malade ! Fariboles ! Oui, cet aveuglement et ce déni de leur part me plongent dans une grande perplexité...

     

    Cette perplexité peut facilement laisser place à la colère. Car les tenants du système entraînent toute l'humanité dans leur délire mortifère !! (une humanité relativement consentante, il faut bien l'avouer... Ce tabagisme là n'est pas complètement passif...). On est donc loin des décisions ad hoc pour, si ce n'est éviter les catastrophes (c'est vraisemblablement trop tard), du moins les anticiper, préparer l'avenir, amortir les chocs et préserver l'unité sociale de la guerre civile et de la barbarie. L'unité sociale, d'ailleurs, est peut être l'un des biens les plus importants à préserver ; en tous cas l'une des ressources indispensables pour affronter du mieux possible les bouleversements à venir. La réaction ne peut être que collective.

     

    Le seul espoir qui nous reste ?

    Je terminerai par ce message d'espérance de Pablo Servigne :

    "Certes, la possibilité d'un effondrement ferme des avenirs qui nous sont chers, et c'est violent,

    mais il en ouvre une infinité d'autres, dont certains étonnamment rieurs. Tout l'enjeu est donc d'apprivoiser ces nouveaux avenirs, et de les rendre vivables."

     

     

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    1 Telle que formulée au début des années 2000, la décroissance reposait aussi sur l'idée que la société industrielle n'est pas seulement "non viable" mais également non souhaitable, de par ses "externalités" négatives et son irrespect profond de l'humain, de la nature, de l'équité, et de son opposition aux principes démocratiques. La décroissance / métamorphose répondait donc également à des aspirations strictement positives.

    2 Je précise que, pour moi, croyance n'est pas un gros mot, et que les croyances ne sont pas des choses absolument abominables et répugnantes. Je n'ai pas de problème avec les croyances en elles-mêmes. Elles aident à vivre, je crois même que l'on en a besoin. Je fixe cependant 2 limites. La première c'est qu'il me paraît souhaitable qu'un individu sache reconnaître ce qui est du domaine de la croyance, notamment devant les autres, qu'il la prenne comme telle, et pas comme un fait avéré. Et en conséquence, qu'il ait l'honnêteté intellectuelle de modérer sa conviction : on ne devrait pas avoir autant d'aplomb avec une croyance, avec quelque chose dont, par définition, on n'est pas sûr, qu'avec quelque chose d'avéré... Deuxième limite : ce que l'on fait (ou ce que l'on ne fait pas), en pratique, au nom de ses croyances, ne devrait affecter que soi-même, et pas les autres (selon, les deux règles d'or : "la liberté des uns s'arrête..." et "comporte toi envers autrui comme..."). En clair : on peut porter un voile sur la tête si l'on croit que c'est bien, mais l'on ne doit pas demander aux autres de le faire. Et, évidemment, perpétrer des assassinats ou des mutilations au nom de sa croyance est totalement inacceptable et abject. Ces "problèmes" peuvent surgir quand la croyance n'est plus seulement personnelle mais que, partagée par un grand nombre de personnes, elle est prend une dimension collective, entraînant les individus à certains actions par effet de groupe.

    3 La superstition est un type particulier de croyance : croyance d'un lien de cause à effet, absolument indémontrable et bien souvent totalement infondé, entre une action donnée et une conséquence. Par exemple : passer sous une échelle, croiser un chat noir ou s'être fait jeter un sort, amène sur notre tête des malheurs ; trouver un trèfle à quatre feuilles "porte chance".

    4 Je paraphrase Pablo Servigne.

    5 J'ajoute qu'une grande part du passé relève elle aussi de la croyance... On n'est jamais totalement sûr de ce qui s'est passé dans la grande et la petite histoire... D'ailleurs, même les historiens ou les policiers qui étudient certaines séquences du passé peuvent ne pas être d'accord entre eux, et formulent des hypothèses différentes....

    L'autre grand domaine de croyance est bien évidemment la métaphysique, ce qui est au-delà de la nature, par exemple ce qui se passe après la mort, l'existence de lois ou d'un dieu régissant l'univers... (voir l'article "Les quatres questions")

    6 La science vise par définition à étudier les phénomènes visibles (et certains invisibles à l'oeil nu), pour essayer de les comprendre et de réduire le champ de l'incertitude, et donc le champ de la croyance. Elle permet de faire des prévisions, plus ou moins fiables.

    7 Je n'ai jamais quitté totalement "le système" que je critique, ni craché sur le confort indéniable qu'il peut prodiguer.

    8 Probablement plus dans le camp des défenseurs du système que dans le camp des collapsologues...

    9 L'idée de cet article m'est venue à l'esprit le 25 décembre 2019.

    10 Je pourrai dire aussi que je suis très étonné, au sens premier du terme : l'état de celui qui a été frappé par la foudre !!

    11 L'âge de raison.

    12 Comme le déni de grossesse ou le négationisme.

    13 Etudes prospectives notamment.

     


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  • L'un des trucs les plus intéressants que j'ai lus depuis un certain temps.

    °°°°°°°°

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  • Un court message pour témoigner toute ma solidarité pour les jeunes qui se mobilisent actuellement pour le climat et surtout pour une autre société, un autre avenir.

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    Un moment sans précédent. Vous, moi et l'ensemble de nos concitoyens planétaires. L'humanité fait face à une situation de crise véritablement historique. Je parle de crise en tant que moment décisif, en bien ou en mal.

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