• Ces animaux que nous sommes encore

     

     

     

    La sexualité constitue probablement la partie la plus animale de notre être, de notre comportement. Et les pulsions sexuelles celles qui sont le moins contrôlables par notre cerveau... C'est comme si nous n'avions presque pas évolué depuis l'époque immémoriale où nous n'étions que des grands singes voûtés dans la savane : nous avons toujours dans la tête, dans la queue et les couilles (pardon pour la crudité des termes) cette alarme permanente et cette injonction intérieure de sauter (sur) tout ce qui bouge ! Malgré des millénaires d'évolution, et même si la survie de l'espèce n'est plus en jeu, nous conservons un reliquat de l'impératif biologique de reproduction qui habite les animaux. Avec cette spécificité chez les hommes : nous sommes en rut 365 jours par an !

     

    Ce rut, c'est a minima :

     

    - une vigilance quasi permanente par rapport aux éléments féminins qui passent dans notre environnement ; une attirance ; qui va se traduire par des regards plus ou moins francs et insistants ; on se retourne sur leur passage, on les regarde (mate)... Il y a quelque chose qui nous pousse, nous attire, de façon inconsciente, machinale et incontrôlable. Comme s'il s'agissait d'examiner ses attributs pour évaluer la valeur sexuelle de la femme (sur une échelle qui va de repoussante à extrêmement désirable...) ; de la même manière que les animaux mâles doivent jauger leur partenaires sexuels, selon les attributs propres à chaque espèce, et selon un critère inconscient de performance de la reproduction (capacité de la femelle à "produire" une descendance nombreuse, viable et forte).

     

    - une forte sensibilité, spécialement aux femmes les plus attirantes, les plus sexy1 ; elles font de l'effet ; elles génèrent spontanément un émoi, plus ou moins fort, voire le désir.

     

    - au pire, ce rut comporte une dimension utilitariste et égoïste de la part de l'homme. Il peut être tenté d'assouvir son désir à tout prix, sans considérer en rien le consentement de la femme. Dans ce cas, la pulsion n'est pas contrôlée ; il y a passage à l'acte ; l'homme "franchit la barrière" et commet une violence sexuelle (allusion, harcèlement, attouchement, viol...). La perpétration des violences sexuelles traduit une objectivation de la femme : elle est ramenée à un objet, que l'homme utilise pour assouvir son désir. C'est le désir de posséder l'autre, de posséder son corps ; comme on possède un objet (on ne lui demande pas son avis...).

     

     

     

    Je ne sais pas dire si la situation beaucoup progressé par rapport au derniers siècles. Nous sommes globalement plus éduqués et plus respectueux, et donc plus enclins à maîtriser nos pulsions, mais, de l'autre côté, nos pulsions sexuelles sont beaucoup plus stimulées aujourd'hui qu'elles ne l'ont jamais été, ce qui favorise au contraire leur "expression". En tous cas on ne peut que constater que ce côté bestial est encore bel et bien là, et que 100 % des hommes ne l'ont pas domestiqué...

     

     

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    1 Par définition, le caractère sexy qualifie ce qui génère facilement un émoi sexuel chez les hommes.