• Faire prospérer ses valeurs

     

    Ne vous méprenez pas : ce n'est pas un cours sur le placement de vos actions sur "les marchés" ni sur l'optimisation fiscale... Mais quelques propositions pour redonner de la valeur à nos vies et à la société.

     

    Pour une compréhension fine de ce qu'est "une valeur" je vous renvoie au préalable à cet autre article : Valeurs - une définition

     

     

     

    Prendre conscience de ses valeurs

     

    Pour un individu cela me semble la première étape essentielle : s'interroger : quelles sont mes valeurs ? Qu'est ce qui compte vraiment pour moi, pour nous ?

     

    La conscience est toujours salutaire. S'agissant des valeurs, elle permet de leur donner de la résonance, en soi et à l'extérieur.

     

    En mettant de la conscience sur ses valeurs, et puisque celles-ci jouent le rôle de repères, on sait plus facilement où l'on doit aller. Cela vaut aussi pour les organisations.

     

    Autre intérêt non négligeable pour l'individu : avoir des valeurs, c'est avoir de la valeur ! Je crois que si l'on est conscient de ses valeurs, et qu'on les met en pratique, on se valorise. Cela conforte l'estime de soi, qui est un élément important de notre bien-être au quotidien. C'est important de se. sentir fier quand on regarde à l'intérieur de soi... On se sent homme, on se sent femme. Nos valeurs nous donnent de la dignité, de la noblesse. Pas besoin de titre pour être noble ! Il suffit d'avoir des valeurs solides au fond de soit... On a de la valeur aux yeux des autres, mais aussi à ses propres yeux, ce qui est peut être le plus important.

     

     

    Partager nos valeurs1

     

    J'ai failli utiliser plus haut cette phrase : "nous n'avons pas les mêmes valeurs !". Cette phrase, qui marque presque le mépris, traduit bien combien les différences de valeurs entre les personnes peuvent être clivantes : elles peuvent diviser les gens et les organisations. Au final, elles peuvent conduire au rejet de l'autre et empêcher la simple collaboration, la coopération. Les valeurs peuvent même conduire à des conflits et à des meurtres ! Cela peut arriver si on s'accroche trop fortement à ses valeurs, sans entendre les valeurs de l'autre et sans voir comment elles peuvent co-exister... Les valeurs peuvent devenir contre-productives et, à l'échelle de la société, engendrer plus de déplaisir ou de souffrance que de bien-être.

     

    Soyons clairs : je ne rêve pas d'une société totalement unifiée, qui serait aussi uniformisée ; et je considère que les conflits2, de toute sorte, sont inévitables. Ce qui compte, c'est de les gérer intelligemment. Il me paraît évident que nous devons faire notre possible pour cet objectif : "vivre (bien) ensemble". Spécialement à notre époque où le lien social se distend, où l'individualisme progresse, où la durée de vie des couples s'amenuise et où les tensions inter-communautaires se renforcent. Il s'agit notamment d'éviter de créer des divisions stériles, énergivores et chronophages, voire même dangereuses ; il faut se retenir de dresser des frontières là où il n'y en a pas, ou là où elles ne sont pas nécessaires ; il s'agit de dépasser une certaine tendance au clivage, au groupusculisme, à l'atomisation.

     

    Je crois au contraire important d'essayer de partager nos valeurs ; de discuter de nos priorisations respectives. De nous comprendre et de nous respecter, en somme...

     

    Non, les valeurs ne sont pas universelles, dans le sens où elles ne sont pas universellement partagées (nous n'avons pas les mêmes valeurs) ; on peut cependant aller dans le sens de valeurs partagées. Il faudrait se poser collectivement la question : au delà de nos différences, quelles valeurs nous rassemblent ? Qu'est ce que l'on a en commun ? Qu'est ce qui est vraiment important dans le fond ?

     

    Cette discussion aurait déjà le grand mérite de créer du lien entre les personnes ! Il ne s'agit pas de faire croire que l'on est tous pareils, mais d'identifier un socle commun, le plus grand dénominateur commun, le "nous dans le je". Il correspond au travail de conscientisation dont j'ai parlé plus haut à l'échelle individuelle.

     

    On peut imaginer ce travail salutaire à différentes échelles : à l'échelle d'un pays par exemple3 (langue commune) ; mais aussi pour un couple, une association, une entreprise...

     

     

    Transmettre des valeurs4

     

    Les valeurs font partie de notre culture ; elles ne sont pas innées. Même si elles dépendent aussi des endroits par lesquels la vie nous a fait passer, je dirais que les valeurs que nous possédons nous ont principalement été transmises. Et ces valeurs jouent un rôle important dans notre vie.

     

    D'où l'importance des valeurs que nous transmettons collectivement aux jeunes. Nous les adultes, les parents, les grands-parents, les enseignants, les modèles, les références, et plus globalement toutes les personnes qui ont une influence sur les jeunes. D'une façon ou d'une autre, et sans nécessairement en être conscient, nous transmettons des valeurs. On peut même parler plus largement des valeurs que nous rayonnons à l'extérieur, qui sont visibles pour nos concitoyens.

     

    On entend souvent dire "les jeunes n'ont plus de valeurs, plus de repères" ; mais à qui la faute ?? C'est parce que nous ne leur avons pas transmis suffisamment de valeurs ! Ils n'ont hérité de rien ! C'est parce qu'on ne leur a pas assez expliqué qu'il y a des choses qui sont vraiment importantes, qui valent la peine de faire des efforts pour tendre vers elle (et qu'à l'inverse il y a des choses qui n'ont pas vraiment d'importance).

     

    Les valeurs jouent également un rôle important dans la destinée collective. A l'échelle de la société, on peut identifier le système de valeurs dominant (les valeurs portées et partagées de fait par la majorité). Ce système de valeurs est transmis et conforté au quotidien par tout ce qui a une influence sur la communauté : le système éducatif, le système politique, la religion, la publicité, les œuvres culturelles et artistiques... Ce système de valeurs détermine la direction dans laquelle se dirige globalement la société.

     

    Il est dès lors important que la communauté 1) prenne conscience des valeurs qu'elle diffuse de fait aujourd'hui ; et 2) qu'elle se demande quelles sont les valeurs qu'il est souhaitable de transmettre4. Il s'agit, encore une fois, de prioriser ce que l'on pense important. Ce serait là aussi un travail salutaire à mener collectivement. Il faudrait dans un second temps définir les moyens spécifiques que la société met en œuvre pour assurer cette transmission. Complémentaires l'une de l'autre, l'exemplarité et l'éducation paraissent les voies les plus évidentes.

     

     

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    1 Voir l'ouvrage d'Adenour BIDAR "Quelles valeurs partager et transmette aujourd'hui ?" (Albin Michel - 2016)

     

    2 Conflit, au sens d'opposition : "Rencontre d'éléments, de sentiments contraires, qui s'opposent."

     

    3 Ce travail sur les valeurs nationales serait à mon sens beaucoup plus juste que celui visant à définir une identité nationale... (même si les valeurs constituent une part de l'identité).

     

    4 Voir Adenour BIDAR.

     

     


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