• Zoom sur l'intelligence sociale

    J'ai proposé une définition de l'intelligence en général. Je souhaite maintenant faire un zoom sur un type particulier d'aptitude, qui me paraît particulièrement importante et utile, c'est l'intelligence sociale, que je définis comme la capacité à avoir un comportement adapté à la vie en société.

     

    Je veux tout d'abord rappeler cette évidence : nous vivons en société ! Nous sommes des animaux sociaux. L'individu n'est pas seul au monde ; il vit entouré de millions de ses congénères. Cet état de fait nécessite une conduite en conséquence. Quand on marche dans une forêt, on regarde les arbres et on adapte en permanence son parcours pour ne pas rentrer dedans, pour qu'il n'y ait pas de heurt ; c'est naturel ! Eh bien, cette pratique (l'attention, l'adaptation) et cet objectif (l'absence de heurt) devraient se retrouver quand on traverse une forêt d'êtres humains... Même si cela paraît évident, on peut bien y voir une forme d'intelligence.

     

    L'intelligence sociale c'est tout d'abord la capacité à s'adapter aux autres, à comprendre leurs paroles et leur comportement présents, à anticiper leurs comportement futur, et au final à adapter le sien en conséquence.

     

    Si l'intelligence en général est en partie liée aux savoirs, l'intelligence sociale peut se définir comme le savoir-être et le savoir vivre ; savoirs dont une des bases est le respect de l'autre. Ce respect commence par la conscience de l'autre, et par l'attention qu'on lui porte. Mais l'intelligence sociale repose aussi sur la capacité à accueillir l'autre, c'est à dire être capable de lui laisser de la place, de lui faire de la place.

     

    L'intelligence sociale c'est aussi, bien évidemment, le respect des règles de politesse. Politesse, ce n'est pas un gros mot ! Ce n'est pas non plus un principe archaïque ou ringard, un ensemble de conventions pénibles qui entravent l'individu ! C'est le comportement adapté à notre condition d'animaux sociaux. La politesse constitue pour moi comme une nécessité de la condition humaine.

     

    Que cela soit au sein de la cellule familiale à laquelle on appartient, à son travail, dans l'association à laquelle on appartient, avec ses voisins comme dans les relations internationales, ce à quoi conduit l'intelligence sociale, ou interpersonnelle, c'est la paix. La paix sociale, l'harmonie, l'équilibre, la fluidité des relations sociales, la concorde... Le fait que les hommes et les femmes vivent ensemble en bonne intelligence. C'est à dire tout simplement le fait que vivre ensemble soit agréable. Voilà la finalité première de la politesse, ne l'oublions pas !

     

    Il est à la fois une nécessité et une évidence que chacun fasse en sorte que la vie ensemble se passe bien, qu'elle soit agréable. Il y a pour moi comme une sorte de devoir à faire en sorte de se faciliter la vie les uns les autres. Être "civil" est la réponse qui convient, la réponse juste à ce qui n'est pas un problème mais un état de fait : nous vivons en société ! La conduite juste, c'est celle qui contribue à l'harmonie.

     

    Chercher à rendre la vie agréable, voilà un objectif qui devrait être des plus naturels... Cependant, si l'objectif est évident, à la portée de tous, la conduite qui en découle n'est pas pour autant facile ! Faire preuve d'intelligence sociale c'est être capable de trouver le point d'équilibre entre soi (ses besoins, ses envies, ses intérêts) et les autres ; le je et le nous... Exercice essentiel mais délicat de la vie en société. Qui repose sur la conscience.

     

    Notons enfin que l'objectif d'harmonie repose aussi sur la capacité des individus à bien communiquer entre eux : comprendre les paroles de l'autre et savoir se faire comprendre. En tant qu'animaux sociaux, apprendre à se parler devrait être l'une des priorités de l'éducation. La parole, quand elle est maîtrisée, est l'outil formidable que nous a offert la nature en alternative à la violence physique et à ses douleurs. Elle permet de gérer les conflits. Voir en particulier la communication non-violente développée par Marshall Rosenberg.