•  Ce qui m'intéresse ici, c'est LE politique, c'est à dire tout ce qui est relatif à l'organisation de "la cité" (la polis en grec), de la société. A l'échelle d'un teritoire donné.

    Le politique ce sont des structures, des institutions (des choses qui sont instituées), une constitution, des lois, des règles, des principes... tout ce qui fixe le cadre dans lequel on vit, la façon dont on vit sur ce territoire, la façon dont on peut vivre. Et en paticulier ce qui régit la vie en commun. Ce que l'on a le droit de faire et ce qui est interdit, la façon dont telle chose doit être faite (comment les activités économiques doivent être menées, comment on éduque les enfants, comment il faut construire les maisons, comment on soigne les maladies, comment les personnes peuvent se déplacer sur le territoire, etc.). C'est un ensemble formidable de décisions, de choix, dans tous les domaines de la vie.

    LE politique c'est le cadre dans lequel tout le monde vit, sur le teritoire en question. Le politique c'est ce qui concerne tout le monde, ce qui s'impose à tout le monde.

    En ce sens, le politique n'est pas constitué seulement de ce qui est décidé explicitement par les hommes et femmes politiques (les lois qu'ils votent, les décisions qu'elles prennent, etc.) mais c'est l'ensemble des structures de la société, et notamment les structures économiques, qui s'imposent à tout le monde, et dont le déterminisme est souvent moins explicite (le capitalisme, la société de consommation, la mondialisation, etc. ; il n'y pas de loi notamment pour dire que l'économie obéit principalement au principe que l'on appelle capitalisme.

    Dès lors, l'enjeu qui est derrière le politique c'est : quelles sont les décisions prises, et qui décide.

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    LA politique c'est autre chose : c'est l'ensemble des moyens mis en œuvre par une personne ou une organisation pour accéder au pouvoir, et pour le conserver ; le pouvoir étant justement celui de déterminer LE politique, de fixer les règles du jeu pour tout le monde.  

    La politique c'est toute l'agitation qui règne entre les différentes personnes et les organisations qui sont dans cette perspective de vouloir accéder au pouvoir, les luttes entre ces différents concurrents, leurs jeux d'acteurs, leurs alliances, leurs atermoiements, leur mensonges...

     

     

    Voir aussi les articles suivants :

    Auto-détermination

    Gauche (être de gauche) (et aussi : être de droite)

     

     

     

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    La métamorphose, la transformation radicale de la société est un projet sans conteste ambitieux... Comment pouvons-nous le mener à bien ? Quelles actions seraient à même de contribuer à la métamorphose ? Comment arriver à l'enclencher ? Comment faire rentrer la société actuelle en métamorphose ? Comment initier et effectuer la transition à partir de la société de croissance actuelle ? En clair : comment transformer la société ?!

    En première réponse à ces questions il me semble que l'on peut envisager 3 voies, 3 axes constituant une "stratégie de la métamorphose". 3 voies complémentaires, 3 voies qui se recoupent et doivent donc être explorées simultanément1 , en parallèle :

    • Axe 1 : un nombre croissant d'expérimentations collectives et de réalisations concrètes "alternatives" doivent être menées un peu partout, afin que la métamorphose commence à se concrétiser, qu'elle s'enracine, et colonise le terrain économique, social et politique2 ;

    Certaines personnes s'investiront pour rendre possible et favoriser ces expérimentations et leur multiplication.

    • Axe 2 : les politiques (lois, réglementations et autres décisions relatives à l'organisation de la "cité") doivent être infléchies vers des politiques tendant vers la décroissance ;

    C'est là une difficulté majeure du projet. Cet axe implique en effet que nous réussissions, d'une façon ou d'une autre, à exercer une influence sur les choix politiques collectifs, et à "imposer" peu à peu des orientations "décroissantes" à l'ensemble de la société. Cela implique, quelle que soit la façon de procéder à cet infléchissement, qu'une partie significative de la population adhère au projet de métamorphoser la société dans le sens indiqué ailleurs sur le blog.

    • Axe 3 : une vaste opération de changement des mentalités – la fameuse décolonisation de l'imaginaire proposée par Serge Latouche – doit être menée. C'est une condition sine qua non pour amorcer la métamorphose ;

    Cette tâche ne semble pas moins difficile que la précédente… Il s'agit de démonter un complexe idéologique dont les fondements sont solidement ancrés en chaque individu. Il s'agit de participer à multiplier et donner de l'ampleur aux chantiers de déconstruction déjà entamés : déconstruction des mythes de la croissance et du développement, mais aussi des conceptions philosophiques sous-jacentes, comme la domination de l'homme sur la nature, la compétition entre les êtres humains, l'accroissement des richesses matérielles comme finalité principale des individus et de la société, pour ne citer que quelques exemples. Cette décolonisation doit évidemment s'accompagner de la proposition d'un nouvel imaginaire, d'une nouvelle façon de "voir les choses", et du projet de vie individuelle et collective qui correspond à cet imaginaire.

    Ce travail de décolonisation devra être attractif, inspirant, motivant (et non rébarbatif ou démotivant comme les discours militants peuvent parfois l'être…). Il me semble indispensable pour ce faire de lui adjoindre des ingrédients comme l'humour, la poésie, les arts, les symboles…

    1 Aucun de ces axes ne me semble pouvoir être occulté : ils sont tous les 3 nécessaires à la métamorphose, et en constituent en quelque sorte des dimensions essentielles. L'ordre dans lequel sont donnés ces 3 axes ne traduit aucune hiérarchie entre eux. Il n'y a pas d'ordre.

    2 "[Il s'agit] de nourrir un organisme vivant et cohérent […] susceptible de proliférer et fertiliser le désert" – Serge LATOUCHE, préface de "Scions.. travaillait autrement", Editions REPAS, 2003.

     

     


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  •  La métamorphose pose en fait une question essentielle : celle de l'auto-détermination. Entrer dans la métamorphose renvoie à notre capacité à nous auto-déterminer. Décider ; ou subir...

     

    ° Au niveau individuel : il s'agit pour chacun(e) de (re)prendre le cours de sa vie en main ; "c'est moi qui détermine la vie que je mène ; je décide, je fais des choix, en conscience ; j'essaye de réduire l'influence des paramètres extérieurs (hétéronomie) ; j'essaye de ne plus subir ; je vais vers l'autonomie" (du grec auto-nomos, qui fait lui-même sa loi).

     

    ° Au niveau politique : il s'agit de déterminer ensemble la façon dont la société (c'est à dire l'ensemble des personnes vivant sur un territoire donné) est organisée ; ses structures.

    Qui décide de l'organisation de "la cité" aujourd'hui ? Une poignée de personnes, qui prétendent être légitimes pour le faire. Il y a d'un côté les décideurs (les officiels, et ceux qui sont des décideurs de fait mais occultes...), et de l'autre ceux qui ne décident rien, donc qui subissent... On dit que nous sommes en démocratie, mais la démocratie n'est que prétendue : ce n'est pas le peuple qui gouverne ; et surtout, c'est pire, les décisions qui sont prises en son nom par les décideurs , vont le plus souvent contre les intérêts du peuple, contre l'intérêt général.

    Il faut au contraire pouvoir décider collectivement de l'organisation de la vie collective, et mettre en place des structures qui servent vraiment l'intérêt ou les intérêts du plus grand nombre. Au niveau du hameau, du quartier, de la commune, du groupement de commune... voire d'un pays.

     

    ° Au niveau collectif (groupes constitués de plusieurs personnes) : elles peuvent s'auto-organiser pour certains aspects de leur vie : alimentation, transports, activité économique, logement, services divers... et monter un projet collectif. Les activités économiques existantes, les différents "marchés" et les services, y compris les services publics, sont là pour répondre aux besoins de la population. Mais rien n'interdit à un groupe de personnes de monter son organisation à lui pour assurer certains de ses besoins, en dehors de "l'offre" existante en biens et services.

     

     

    Quel que soit le niveau, il est certain que l'auto-détermination prend du temps et de l'énergie (comparativement à l'option qui consiste à suivre les chemins déjà tracés par d'autres...).

     

    En particulier, j'ai envie de dire que si nous consacrons du temps et de l'énergie à notre "survie" (réponse à nos besoins vitaux, via la participation à des activités économiques, pour les personnes qui n'en sont pas exclus contre leur gré...), ainsi qu'à nos destinées personnelles, pour la plupart des personnes aujourd'hui, la part consacrée à la dimension politique, à la détermination des structures politiques, est très faible. Nous n'apportons qu'une contribution limitée au politique, et même ne serait-ce qu'à la vie de notre quartier ou de notre ville.

    Le choix des fleurs dans les "espaces verts", le thème des expositions culturelles, l'organisation de la fête du village, le prix de la cantine scolaire, le choix du système de traitement des eaux (etc.), tout cela nous est le plus souvent étranger ; d'autres personnes se chargent de décider de cela pour nous. Nous déléguons à certain(e)s le pouvoir de déterminer à quoi ressemble la vie dans notre secteur, de quoi elle est faite. Nous déléguons sans forcément contrôler ce qu'elles ou ils font, ou juste de temps en temps via la "sanction" des élections. Ou alors quand le projet de la mairie se situe juste devant nos fenêtres... Le destin collectif nous échappe complètement. Ou plutôt nous le laissons échapper.

    Je ne sais pas si tout le monde se rend bien compte de tout ce que nous lâchons ainsi.

     

    Evidemment, chaque personne ne peut pas participer à toutes les décisions qui doivent se prendre au quotidien (la couleur du papier peint de la salle de gym, le choix entre telle et telle entreprise pour la réfection de la voirie, etc.) ; mais j'ai envie de dire que dès lors que ces décisions nous impactent nous ne devrions pas en être détachés autant que c'est le cas aujourd'hui. Il faut trouver quelques petits stratagèmes, qui ne sont que de la technique, pour libérer du temps et de l'énergie à chacun(e), pour qu'elle ou il puisse participer à la vie de la société.

     

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