• Dis Papa, c'est quoi un con ?

     

    Avez-vous compté le nombre de fois où vous parlez des cons avec vos proches ou vos collègues ?

    Mais au fait, c'est quoi au juste un con ? Eh bien, en définitive, la question n'est pas si con !

     

     Vous pouvez télécharger l'article complet en pdf (6 pages) en cliquant ICI.

     

    Le mot "con", en tant qu'injure, a plusieurs significations et peut être employé dans des cas assez variés. C'est clairement une étiquette protéiforme.

     

     

     

    Le sens premier

     

    Un con c'est quelqu'un qui n'est pas ou pas très intelligent ; quelqu'un de bête, d'ignorant, de stupide, de naïf. Un abruti, un idiot, un niais, un sot, un imbécile, un crétin...

     

    La connerie se définit ici comme la bêtise : un manque d'intelligence. Voir la définition ici.

     

    C'est quand "la machine" ne tourne pas bien rond, ou pas bien vite. C'est, dans une situation donnée, l'incapacité à produire un résultat pertinent. La personne bête ne fait pas ce qui est évident, logique, ou elle fait le contraire... Elle ne trouve pas la solution, ou alors elle aboutit à un résultat inapproprié. Elle fait une erreur. Sa "réponse" ne fonctionne pas, voire elle aggrave le problème au lieu de le résoudre. Parce qu'elle ne comprend pas la situation ou le problème.

     

    Mais, au-delà de ce se sens premier, le mot con désigne aussi un certain type de comportement chez les autres. C'est même surtout dans ce sens là que nous l'employons au quotidien, en tant qu'injure.

     

     

     

    Le sens principal

     

    En fait, tout simplement, et sans qu'il y ait là de rapport apparent avec l'intelligence, le con c'est celui qui est désagréable. C'est plus spécialement de cette seconde catégorie dont je veux parler dans ce texte.

     

    Le con, c'est celui qui nous dérange, qui nous casse les pieds (cela nous gêne pour marcher, pour avancer...), celui qui nous embête, qui nous emmerde, qui nous fait chier... Celui qui contrecarre nos plans (il nous con-trarie !), qui ne nous facilite pas la vie ou la tâche. Le con, c'est le "rabat-joie", celui dont la rencontre diminue notre énergie vitale. Dans les cas graves et récurrents, le con nous pourrit carrément la vie !

     

    Exemples : La serveuse mal-aimable ; le client malpoli qui prend sa baguette sans dire ni merci ni au revoir ; votre chef hautain et pédant qui vous rabaisse à la moindre occasion ; la secrétaire obtuse du service public qui vous dit non sans chercher à comprendre votre besoin ou à vous orienter vers la bonne personne ; la grand mère qui, dans un magasin bondé, s'arrête en plein milieu de l'allée pour discuter, sans se rendre compte qu'elle empêche les autres de passer...

     

    (voir ce qui est pour moi le summum de la connerie : le top ten des incivilités).

     

     

    La connerie, c'est l'incivilité

     

    J'ai dit que, dans cette seconde approche, la connerie n'avait pas de rapport avec l'intelligence, eh bien si : la plupart des fois où l'on traite quelqu'un de con, c'est pour signifier son manque d'intelligence sociale. On peut être très intelligent sur le plan de l'intellect, mais manquer d'intelligence sociale. Inversement on peut posséder l'intelligence sociale sans forcément être très intelligent.

     

    Le con c'est celui qui manque de civilité, d'éducation, de respect pour les autres ; qui manque de savoir-vivre (ensemble). Le con c'est celui qui n'a pas conscience des autres ; qui est inattentif à leur présence et à leurs besoins ; ou qui n'en tient pas compte. Celui qui se croit seul sur Terre, qui ne voit pas plus loin que le bout de son nez, qui ne pense qu'à sa gueule, qui n'en fait qu'à sa guise.

     

    La connerie a pour moi clairement à voir avec l'égoïsme, l'égocentrisme et l'individualisme. Les maximes implicites du con c'est "moi d'abord" et "moi contre les autres".

     

    Le con est celui qui ne respecte pas les règles élémentaires et évidentes qui ont à voir avec le respect de l'autre. Des règles de bon sens dont le sens, justement, la finalité, n'est autre que de permettre de bien-vivre-ensemble. A commencer par cette règle essentielle : "La liberté des uns s'arrête là où commence celle des autres".

     

    Le con ne respecte pas les limites. En cela que je suis d'accord avec la célèbre maxime due à Michel Audiard : "Les cons, ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît." Oui, on peut les reconnaître à leur absence de limite : il n'y a pas de limite à leur liberté et à leur bon plaisir. Et ils ne se rendent pas compte qu'ils franchissent les limites.

     

     

    Les conséquences de la connerie

     

    Au delà du fait que les cons rendent la vie désagréable, l'incivilité, l'irrespect des règles engendre des tensions, des frictions entre les individus, dont une insulte comme "Quel con !" n'est que l'expression minimaliste. La connerie engendre l'inharmonie, et même la violence. Quand nos besoins sont niés ou piétinés par le comportement de l'autre, les sentiments à l'intérieur de nous peuvent devenir assez violents. Et cette violence n'est pas toujours contenue ni ravalée. Des conflits anodins peuvent conduire à une certaine violence, verbale voire physique.

     

    La connerie est une question sociale (qui concerne les rapports entre les individus). Une vraie question ! Sérieuse ! Et sur laquelle il vaut la peine de se pencher. Ce qui s'exprime à travers ce jugement ou cette injure, c'est une insatisfaction de nos besoins, à commencer par celui-là : le besoin d'être respecté. Le fait est que, vivant en société, la qualité des relations que nous entretenons avec nos congénères, est importante pour notre bien-être personnel. Si elle globalement mauvaise, la vie elle-même devient désagréable... Si l'on a l'impression d'être entourés de cons, c'est le signe d'une profonde insatisfaction, d'une sorte de mal-être social. Je crois ce sentiment relativement généralisé : globalement, nous supportons mal de vivre ensemble et n'en sommes pas très heureux.

     

     

    T'es con ou tu le fais exprès ?!

     

    On peut voir la bêtise comme involontaire et excusable : untel manque d'intelligence mais il n'y peut rien, et il ne le fait pas exprès. Ce qui entraîne une certaine tolérance et bienveillance à son égard, comme pour l'idiot du village.

     

    De l'autre côté il y a celui qui fait exprès d'être désagréable avec les autres. On s'approche ici de la malveillance, de la malfaisance, de la méchanceté, notions qui signifient l'intention délibérée de nuire aux autres, de leur faire du mal. Dans ce cas là, la "victime" fera difficilement preuve de bienveillance...

     

    Le con incivil se situe entre les deux. Si l'on peut supposer que, la plupart du temps, chacun d'entre nous fait du mieux qu'il peut (en fonction de son histoire, de ses blessures, de ses limites, du stress du moment), force est de reconnaître que les comportements cons, sans être volontaires, pourraient être évités. Le con agit comme un con alors qu'il pourrait agir autrement.

     

    En effet, l'intelligence sociale est à la portée de tout un chacun. Les règles du vivre-ensemble sont de bon sens ; elles relèvent du sens commun, qui correspond au niveau d'intelligence censé être partagé par tous, ou du moins par le plus grand nombre. Celui qui ne les respecte pas, qui ne respecte pas les autres, est sanctionné par cette injure. Voilà le sens de l'insulte : elle signifie que l'autre ne fait pas de son mieux. En particulier, son ego l'emporte et lui fait oublier les autres.

     

    Tout espoir n'est pas perdu !

     

    J'ai dit que le con est plus celui qui manque d'éducation que d'intelligence. Là où le manque d'intelligence serait une sorte de fatalité ("il n'est pas très malin, c'est comme ça, il n'y peut rien", et nous non plus ; ou "quand on est con, on est con"), il faut voir que la politesse, ça s'acquiert ! De ce côté là, je ne suis pas aussi fataliste que Georges Brassens : c'est une question d'éducation... Bien sûr, si les règles de base n'ont pas été acquises durant l'enfance, il est peu probable que l'individu se réforme en grandissant...

     

    "Il y aura toujours des cons". Oui, probablement. Mais au-delà de cette position fataliste, on pourrait essayer de faire en sorte qu'il y en ait moins ! C'est le rôle et toute l'importance de l'éducation, qui, au delà d'apporter des savoirs aux enfants (instruction), devrait nous apprendre à vivre ensemble ! C'est probablement la priorité des priorités pour les animaux sociaux que nous sommes. Oui, bien sûr, cela se fait déjà : on apprend la politesse aux enfants à l'école, et à la maison. Cependant, je ne crois pas que la société accorde à cette question l'importance qu'elle mérite. En tout état de cause, on ne peut que constater que les règles de base sont loin d'être intégrées par tous et qu'il y a donc eu un problème de transmission... (je sais, je parle comme un vieux con !!). En particulier, je trouverais hautement souhaitable que l'école nous apprenne à communiquer (voir en particulier la communication non-violente). Ce qui commence par apprendre à communiquer avec soi-même, à se connaître, se comprendre...

     

    ZOOMS

     

    Connerie et alterité 

     

    La connerie de certaines situations 

     

     Zoom sur la connerie écologique

     

    Zoom sur le panurgisme

     


  • Commentaires

    1
    Sergio
    Jeudi 22 Février 2018 à 19:08

    Amusant et instructif mais le mot "con" a une autre signification que notre Georges Brassens a pourtant bien mis en exergue. Il désigne la partie sexuelle de la gent féminine... Traiter quelqu'un de con, c'est le traiter de "chatte" ! Con c'est Cum... En latin et en français : "Avec". Un con c'est donc aussi quelqu'un avec qui on fait,  avec qui on parle... avec qui on s'engueule...

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